À partir de mai 1968, une période de troubles civils éclate dans toute la France, qui dure environ sept semaines et est ponctuée de manifestations, de grèves générales ainsi que d’occupations d’universités et d’usines. Au plus fort des événements, connus depuis sous le nom de Mai 68, l’économie française s’est arrêtée. Les manifestations atteignent un tel point que les dirigeants politiques craignent une guerre civile ou une révolution ; le gouvernement national cesse brièvement de fonctionner après que le président Charles de Gaulle a fui secrètement la France vers l’Allemagne à un moment donné. Ces manifestations sont parfois liées à des mouvements similaires qui se sont produits à la même époque dans le monde entier et ont inspiré une génération d’art protestataire sous forme de chansons, de graffitis imaginatifs, d’affiches et de slogans.
Les troubles débutèrent par une série d’occupations étudiantes de protestations contre le capitalisme, le consumérisme, l’impérialisme américain et les institutions traditionnelles. La répression policière intense des manifestants poussa les centrales syndicales françaises à appeler à des grèves de solidarité, qui se répandirent bien plus rapidement que prévu et impliquèrent 11 millions de travailleurs, soit plus de 22 % de la population totale de la France à l’époque. Le mouvement se caractérisa par un caractère spontané et décentralisé, ce qui créa un contraste et parfois même des conflits internes entre les syndicats et les partis de gauche. Il s’agissait de la plus grande grève générale jamais tentée en France et de la première grève générale sauvage à l’échelle nationale.
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Les occupations étudiantes et les grèves générales déclenchées dans toute la France ont été violemment réprimées par les administrateurs des universités et la police. Les tentatives du gouvernement de Gaulle pour réprimer ces grèves par des interventions policières n’ont fait qu’envenimer la situation, conduisant à des affrontements de rue avec la police dans le Quartier latin à Paris.
Mais à la fin du mois de mai, le cours des événements changea. Les accords de Grenelle, conclus le 27 mai entre le gouvernement, les syndicats et le patronat, permirent aux ouvriers d’obtenir des augmentations salariales importantes. Une contre-manifestation organisée par le parti gaulliste le 29 mai dans le centre de Paris donna à De Gaulle la confiance nécessaire pour dissoudre l’Assemblée nationale et convoquer des élections législatives le 23 juin 1968. La violence disparut presque aussi vite qu’elle était apparue. Les ouvriers retournèrent au travail et, lorsque les élections eurent lieu en juin, les gaullistes en sortirent plus forts qu’auparavant.
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Les événements de Mai 1968 continuent d’influencer la société française. Cette période est considérée comme un tournant culturel, social et moral dans l’histoire du pays. Alain Geismar, l’un des leaders de l’époque, a déclaré plus tard que le mouvement avait réussi « en tant que révolution sociale, et non politique ».